7 octobre 1939
A Mlle K. Brown
Franchement je ne comprends pas que Dietz veuille mettre Gable à
part... Personnellement je trouve cela stupide.
L'acteur le plus intelligent du métier, Bing Crosby, a insisté tout
au long de sa carrière, pour qu'il y ait une co-vedette dans ses films,
même di ce n'était qu'un petit rôle, afin que le blâme
ne retombe pas sur lui seul si c'était un échec. Mais qu'importe ce
que je pense, nous sommes liés par des contrats. Alors disons que tout
ce que l'on fera pour Gable doit également être fait
pour Leigh, Howard et de Havilland. Ce n'est pas une affaire à
débattre. Il n'est pas question des désirs de la MGM ou des miens : nous
avons signé des contrats et s'ils croient pouvoir faire
accepter un changement à Leslie Howard ou que la Warner va accepter
un changement concernant Olivia de Havilland, je leur conseille
d'essayer...
Cela se réduit donc à savoir si nous mettons le nom des quatre vedettes avant ou après le film sur le carton du
titre et dans la publicité et quelle sera la taille des noms des quatre vedettes par rapport au titre du film.
En ce qui concerne le carton du titre..., nous avons prévu de mettre d'abord Autant en emporte le vent
et
d'une façon exceptionnelle. Mais, si la MGM, pour quelque étrange
raison que ce soit (considérant que que Clark Gable est plus important
que le film et devrait venir avant) veut bousiller notre
projet de titre, je suppose qu'il me faudra en préparer un autre,
notre contrat avec la MGM stipulant que le nom de Gable doit précéder Autant en emporte le vent.
17 octobre 193A M. E.J. Mannix
MGM Studios.
On m'a informé, espérons le par erreur, que vous auriez glapi parce que j'aurais, paraît-il, l'intention de faire
son affaire à Victor Fleming dans le générique. J'aimerais vous entendre dire que c'était un malentendu.
J'aime à croire qu'il y aurait peu d'ennuis concernant la figuration
au générique si tous les producteurs avaient,
dans ce domaine, la générosité que j'exige des gens qui organisent
la publicité de mes films et qui les distribuent. Je me suis toujours
mis en quatre pour vanter le travail du réalisateur... Et
il serait peut-être bon de d'attirer votre attention sur le fait que
c'est moi, à la MGM, qui ai exigé le premier que le nom des
réalisateurs figure sur un carton séparé, et que je l'ai obtenu
pour mes productions.
La vérité concernant l'insertion dans le générique des autres
réalisateurs est celle-ci: J'ai demandé à Vic
Fleming s'il aimerait que nous insérions un carton pour faire
figurer au générique tous les gens qui avaient largement contribué au
film, notamment George Cukor, qui a passé deux ans à le
préparer et qui a travaillé avec moi sur la plupart des décors et
des costumes ainsi que durant les longs mois d'angoisse où nous
cherchions à établir la distribution et dont pratiquement toutes
les séquences qu'il a tournées figurent dans le film; Sam Wood, qui
intervint si aimablement quand Vic tomba malade et dont beaucoup de
séquences sont dans le film; Ben Hecht et Olivier Garrett
si leurs contributions au scénario nous paraissent mériter une
inclusion sur ce carton; les opérateurs des secondes équipes, qui ont
tourné quelques plans parmi les plus beaux jamais vus à
l'écran; Katharine Brown, à l'insistance et à la perspicacité de qui
je dois d'avoir acheté les droits du livre...
Ma conversation avec Vic
ne dura littéralement pas trente secondes. Je lui ai
demandé ce qu'il en pensait, mais je ne suis pas allé au-delà des
noms de Cukor et Wood. De toute évidence et de façon incompréhensible,
Vic n'aimait pas cette idée. Il m'a répondu en substance
qu'il n'en voyait pas la nécessité. Immédiatement et sans discuter
plus longtemps, je lui ai dit de ne plus y penser et qu'en ce qui me
concernait l'affaire était close.
En vérité, je ne suis même pas sur que tous ces gens auraient aimé
figurer au générique. Je sais que George
[Cukor] m'a instamment demandé de ne pas citer son nom, une fois
clos l'incident le concernant et heureusement, comme je l'avais prévu en
insistant pour qu'il tourne The Women, il en est
sorti plutôt grandi...
Quant à Sam Wood, ce n'était pas la première fois qu'il intervenait
dans un film en cas de pépin. D'autres en
avait fait autant pour lui et je suis donc certain qu'il ne
s'attendait à rien... Ce que je regrette ce n'est pas tellement d'avoir
été mal compris, parce que cela semble être une caractéristique
d'Hollywood, mais c'est que cela prouve de facçon évidente et
décevante que l'on me connaît mal.
Autant en emporte le vent fera
grand honneur à Vic Fleming. Je le lui
ai dit au temps où nous le persuadions de le réaliser et durant tous
les mois où il doutait, pour ne pas dire plus, du résultat de mes
travaux et des siens, pas très sur que cela lui donnerait une
place plus éminente dans le métier qu'avant...
Franchement
Eddie, je n'aime pas qu'on se mêle de affaires de ma compagnie et
mes réactions sont bien plus vives encore quand je dois en déduire
que Vic Fleming a besoin de quelqu'un pour le protéger contre moi...
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