2 mai 2014

Les belles, et pathétiques, histoires de tonton Charlus



L’ascension et la chute de Frances Farmer, celle qu’on avait appelée ‘’la nouvelle Garbo’’…

Frances Farmer était belle et rebelle. Une beauté lumineuse dotée d'un sombre caractère, et assoiffée d'absolu dans l'Amérique bien pensante des années 1930-1940, le cocktail était détonant. Son statut de star adulée n'y résistera pas, et son étoile pâlira très vite. Réfugiée dans l'alcool, considérée comme folle, Frances Farmer multipliera les séjours en prison ou en hôpital psychiatrique avant de s'éteindre, à 56 ans, oubliée de tous.
 


En 1943, la dépression spectaculaire de la magnifique Frances Farmer, actrice à la sensibilité à fleur de peau, fut un de ces drames qui alimente la légende noire d’Hollywood.

Née en 1913, elle fait preuve rapidement d’un tempérament très affirmé et rentre souvent en conflit avec ses parents, en particulier  sa mère, Lilian.

En 1931, alors élève de la West Seattle High School, elle gagne un concours d’écriture avec un essai controversé God Dies (Dieu meurt). Les Services de Surveillance Nationale rapportent les faits, titrant « La fille de Seattle rejette Dieu et gagne le Premier Prix ».

Elle entre à l’Université de Washington, devient membre du Théâtre dramatique et fait la connaissance de la professeur Sophie Rosenstein. Les critiques s’extasient sur son jeu d’actrice dans Helen of Troy et Alien Corn. Elle change de spécialité et passe du journalisme à la dramaturgie.



En 1935, elle part pour la Russie en bateau après avoir gagné le concours du journal « Voice of Action ». Les Services de Surveillance (encore eux) relèvent l’histoire et qualifient Frances Farmer de communiste.
 

De retour à New York elle est découverte par un dénicheur de talents. Elle signe un contrat de sept ans avec la Paramount Pictures qui la présente comme la nouvelle Garbo. Frances Farmer rêvait d’une carrière d’actrice classique, de Tchekhov, de Shakespeare…Elle tourne dans deux films de série B bien reçus par le public. En 1936 elle se verra confier son premier grand rôle dans Rythme on the Range au côté de Bing Crosby. Elle sera ensuite prêtée à Samuel Goldwyn pour Come and get it d’après un roman d’Edna Ferber, romancière et dramaturge célèbre Show Boat, Giant… Ces deux films connurent un grand succès et l’installèrent dans son statut de future star. Elle enchaina film sur film avec les partenaires les plus prestigieux Tyrone Power, Ray Milland, Cary Grant…




Mais dès 1939 ses méthodes de travail, ses caprices, son fort tempérament et ses problèmes d’alcoolisme commencent à nuire à sa carrière. Individualiste forcenée elle se met à dos Adolph Zukor, le patron de la Paramount,  et les principaux magnats d’Hollywood. En 1942 la Paramount met fin à son contrat. Elle divorce au même moment d’avec l’acteur Leif Erickson qu’elle avait épousé en 1936.


Sa vie bascule dans la nuit du 19 octobre 1942. Elle est arrêtée pour conduite en état d’ivresse et sans permis. Déjà elle ne supportait aucune forme d’autorité et ce soir-là les policiers devinrent l’incarnation de ses propres démons. L’arrestation vira au pugilat et s’acheva pour Frances Farmer dans une cellule d’une prison de Santa Monica. Un tribunal de nuit la condamna à 180 jours de prison avec sursis et à 500$ de caution. Libérée elle fut de nouveau arrêtée quelques semaines plus tard pour avoir cassé la mâchoire de la coiffeuse du studio, pour avoir perdu son chandail pendant une bagarre alcoolisée dans un night-club et courue dépoitraillée au beau milieu de la circulation sur Sunset Strip… Elle fut arrêtée à l’hôtel Knickerbocker. La police fit irruption dans sa chambre avec armes et menottes, la tirèrent de la salle de bains et après une lutte violente l’emmenèrent nue à travers le hall de l’hôtel.



 Au commissariat d’Hollywood, à la question : profession elle répondit ‘’suceuse de bites’’… La tension monta d’un cran au tribunal. Elle insulta lesjournalistes venus en nombre assister au procès.  Elle s’en prit violemment au juge et lui jeta un encrier à la tête quand il confirma la peine de 180 jours de prison. A la sortie de la salle d’audience, devant le refus de lui laisser passer un coup de téléphone, elle cogna une gardienne et envoya au tapis un policier. C’est en camisole de force qu’elle fut reconduite dans sa cellule…


 


Elle était passée du zénith de la Paramount à une compagnie bas de gamme ‘’Monogram Pictures’’, mais tous refusèrent de lui porter secours. Ce n’était qu’une emm… qui méritait ce qui lui arrivait. La seule à se manifester a été sa meilleure ennemie, sa mère Lilian Farmer. Elle déclara aux
journalistes de Seattle que les difficultés de sa fille n’étaient qu’un coup de publicité destiné à lui procurer l’expérience concrète du cachot. Elle se déplaça à Hollywood pour déclarer sa fille mentalement déficiente et signer le formulaire d’internement. Elle attribua la responsabilité de la dépression nerveuse de sa fille au communisme international.

Frances se retrouva pendant trois mois dans un sanatorium privé pour y subir un traitement d’injections provoquant des comas insuliniques destiné à ‘’calmer’’ les patients.  Le but recherché était une dissolution temporaire de la conscience, et on estimait qu'à la phase de réveil le sujet était apaisé et psychiquement disponible pour des interventions psychothérapiques.

Après l’horreur du sanatorium, Frances connut l’enfer absolu de l’asile psychiatrique. Elle fut déclarée folle en 1944 et placée dans la maison de fous de Steilacom dans l’état de Washington. Son internement s’y révèlera la plus abominablement tragique des tragédies hollywoodiennes.

Sa chute suscita peu de compassion au sein de la cité du glamour qui l’avait exploitée. Elle avait été une invivable ‘’fauteuse de troubles’’. Ils étaient ravis d’en être débarrassés. William Wyler déclara un jour :’’ La        chose la plus sympathique que je puisse dire à l’égard de Frances Farmer, c’est qu’elle était insupportable’’. La chroniqueuse des potins hollywoodiens Louella Parsons a bien résumé le sentiment général :’’La Cendrillon d’ Hollywood retourne à la cendre sur une autoroute inondée d’alcool’’.

Un seul chroniqueur a pris la défense de Frances Farmer, John Rosenfeld : ‘’Cette actrice au talent rare ne menaçait en rien l’ordre et la sécurité publics. Ce qui avait commencé comme une simple contravention au code de la route s’est transformé en une affaire de violence à la personne, en accusations lourdes… Avec un peu d’aide, peut-être s’en serait-elle tirée immédiatement pour rien de plus qu’une infraction au code de la route. La vérité c’est qu’on l’a laissée seule et perdue.’’

Frances Farmer fut libéré en 1950. Elle tenta de remonter à la surface en écrivant son autobiographie  et en tentant un come-back à la télévision. Sans grand succès et elle meurt oubliée de tous en 1970 à l’âge de 56 ans.

En 1982, Graeme Clifford lui consacre un film Frances avec Jessica Lange.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

quel gâchis ! A cause de tout cela je n'ai vu aucun de ses films

Anonyme a dit…

merci en tous cas Tonton Charlus pour la belle histoire

charlus80 a dit…

you are welcome mon gay sire...